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Henri Wagner

 

Né en 1981 à Bois-Guillaume, Haute Normandie.

Vit et travaille Paris.

Henri Wagner

Peindre, de l'autre côté de la vitre.

 

Jusqu'en 2015, Henri Wagner dessinait encore, et alors, une partie manifestement figurative était toujours la

base de ses créations à plat. Pourtant déjà, chacun de ces dessins était volontairement malmené par l'artiste

qui y intégrait de plus en plus d'abstraction. Je n'entends pas seulement par «  abstraction  » des parties

dessinées sans aucune figuration cognitive, mais aussi un traitement agressif, presque abrasif   du sujet par

l'artiste. Le but étant, comme il le dit lui-même  :  «  de faire basculer l'image, de la libérer de sa réalité.  »

En travaillant le marquage et l'effacement du support travaillé au graphite, avec les traces visibles de parties

volontairement altérées à la gomme ou au scotch, Henri Wagner préfigurait déjà dans ses dessins (comme

ceux que l'on a pu voir au salon Drawing Now en 2014 sur le stand de la Galerie Graphem ou encore dans

son exposition personnelle «  Un feu d’artifice dans le frigo  » en 2015) les peintures   qu'il nous montre

aujourd'hui.

 

Il n'y a pas dans sa pratique de recherche de spécialisation. Le spectre des médiums utilisé est extrêmement

large, nombre de papiers, de peintures en spray, d'encres, d'enduits, de mortiers et d'adhésifs élargissent le

champ d'action graphique d'Henri Wagner, surtout quand ceux-ci sont combinés avec une variété de support

allant bien au-delà du cadre et de la toile, tant qu'eux-mêmes apportent aussi un intérêt à l'applique de la

matière picturale par le peintre.

 

Depuis un peu plus d'un an maintenant, Henri peint sur des plaques de verre et non, ce n'est pas le premier à

le faire mais, il y a dans ses peintures un «  vide ajouté  », une conscience de l'invisible qui va au-delà de

l'abstraction. Une attention toute particulière qui est portée au hasard et à la liberté du geste, comme l'ont, à

très juste titre, défendu de nombreux grands peintres avant lui, mais aussi une place grandissante, à

l'effacement et au recouvrement qui prend ici toute sa mesure grâce au verre qui en est le support mais aussi

le révélateur et sans qui nous n'aurions qu'un moins bel accès au geste du peintre et ses recherches dans

l'exploitation de la matière.

Peindre sur une vitre n'est pas pour lui un concept en soi, c'est la démarche qu'il utilise en ce moment pour

montrer l'envers et le résultat d'une succession d'actions spontanées. Henri Wagner, construit, trace, passe et

repasse plusieurs couches de matières en travaillant de façon intuitive mais non sans une certaines hésitation.

Lorsqu'une partie de la surface peinte est trop construite ou trop chargée, il l'efface et laisse la marque de cet

effacement visible. Ne pas masquer ses erreurs et ses doutes permet à Henri de laisser la vitre de révéler

plusieurs strates de réflexions lors de la construction de la peinture. D'autres couches seront appliquées par la

suite et les effacements, les grattages les doutes et les balayages, seront mis en lumière dans un effet

d'inversion lorsque la vitre sera finalement retournée pour être présentée non pas du coté peint mais de son

côté  immaculé.

 

C'est à ce moment que la magie opère, l'inattentif se contenterait de voir une vitrine en travaux recouverte

d'enduit blanc pour cacher aux yeux du passant la construction qui   avance de l'autre côté, mais même si notre

peintre ici ne se cache pas d'une inspiration urbaine manifeste, ses peintures à lui ne cachent rien et au

contraire nous montres les étapes et les hésitations qui deviennent elles aussi des motifs.

Surement de façon inconsciente   et parce qu'issu d'une génération noyée dans une accumulation «  d'images

à grande vitesse  », nous ressentons dans les peintures d'Henri Wagner, le besoin d'un retour au calme, où

l'économie des traits des formes et des couleurs tend vers un certain minimalisme   qui fait du bien parce qu'il

n'occulte pas non plus les sources d'inspiration de l'artiste et son environnement urbain, ses terrains vagues,

ses bâtiments abandonnés aux graffitis bruts mais qui portent avec eux la trace du passage du temps.

 

Que se passe-t-il dans l'infra-mince interstice entre la toile et la peinture lorsque le peintre l'en recouvre  ?

Pour le savoir il vous suffit de regarder de l'autre côté des panneaux de verre d'Henri Wargner.

 

 

Leo Marin

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